Bernes, les cloches rénovées

A la recherche du Passé de Pœuilly et de ses environs : des passionnés ont remonté l'Histoire...

              Les cloches rénovées    (Jean-Paul PREVOT)

Si se suspendre aux cordes pour sonner les cloches pouvait présenter un certain charme, il faut admettre que ce n’était pas une manœuvre facile, mais c’était plutôt physique et au bout de quelques minutes, les sonneurs attrapaient un « bon coup de chaud », comme lors de la commémoration des 100 ans de l’armistice, le 11 novembre 1918 où nous avions sonné pendant 11 minutes !

De plus, depuis plus de 30 ans, l’une des cloches de l’église n’avait plus jamais sonné. En effet, pour des raisons de sécurité, Robert Leroy, ancien maire de Bernes, avait condamné au silence la petite cloche (probablement celle qui avait été le plus souvent sonnée) en remontant la corde qui permettait de la manœuvrer. Le palier supportant la cloche devait faire l’objet d’une maintenance sérieuse.

Ces travaux ont été l’occasion d’électrifier la sonnerie des cloches et d’adjoindre un cadran d’horloge extérieur à l’église, puisque la commande des cloches est maintenant reliée à une horloge radio-pilotée toujours à l’heure. Ainsi, le 25 novembre durant la matinée, certains habitants ont pu être étonnés de constater que des cordistes étaient en train d’escalader la « face nord du clocher » ! C’est ainsi qu’ils ont rapidement procédé à l’installation de l’horloge.

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Cette adaptation de la sonnerie des cloches était aussi l’occasion de faire quelques recherches sur leur 1ère installation. La décision a été prise à l’occasion du conseil municipal du 14 mars 1928, comme en atteste la copie suivante provenant des Archives Départementales de la Somme. Assistaient à cette séance : Messieurs François (maire), Boinet, Merlin, Duflot, Warée, Carpentier, Guéant, Cazier, Florin, Lenain (absents : Busignies et Herbage). Le montant total de la dépense s’élevait à 49 035 Francs en 1928 (soit 28 482 euros de 2010).

Le fondeur de cloches retenu était l’entreprise Wauthy de Sin-le-Noble (à côté de Douai).

 

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Charles Wauthy, fils d'un fondeur de fonte, reprend en 1900 la fonderie de cloches de son voisin Charles Drouot (fondée en 1729) et qui n’avait pas d’héritier. Suite à la destruction de l'usine durant la guerre 1914-1918, la fonderie est reconstruite et l'activité reprend en 1919. La maison Wauthy produira un grand nombre de cloches d'églises pour repeupler les clochers des zones dévastées par la guerre. En 1925, la production annuelle atteint 280 tonnes de cloches, mais la qualité musicale est insuffisante pour les carillons des campaniles du Nord, ce secteur n'étant pas la spécialité de la fonderie. Dès 1933, s'annonce le déclin de la fonderie ; elle cessera son activité définitivement à la veille de la seconde guerre mondiale. (D’après la Voie du Nord oct. 2016)

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La cloche est l'un des plus vieux instruments sonores que nous connaissions. Les premières cloches métalliques remontent à l'âge du bronze. On trouve des traces d'utilisation des cloches en Asie, il y a 4 000 ans. Le métal traditionnel pour les cloches est un alliage de bronze (l'airain), comprenant généralement 22 % d'étain et 78 % de cuivre.

Lors de l'inauguration d'une cloche d'église, l'usage veut qu'une cérémonie religieuse lui soit consacrée, appelée « baptême », « bénédiction » ou « consécration » (si le rite des diverses onctions aux huiles saintes est accompli), durant laquelle un nom est attribué à la cloche. La tradition considère en effet la cloche comme une personne, et lui affecte un parrain et/ou une marraine. Le baptême des cloches a eu lieu à Bernes le 7 juillet 1929, comme vous pouvez le constater sur la copie d’une image éditée à cette occasion (col. J Trujillo). La personnalisation de la cloche apparaît dans le bas du texte où vous pouvez lire : « Nous remplaçons nos sœurs enlevées par les Allemands ».

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De plus l’usage chrétien a confié un rôle à chacune de ces cloches :

- la première : Son rôle est d’inviter les vivants à la prière

- la seconde : Son rôle est de chanter les joies et de pleurer les morts

- la troisième : Son rôle est de rendre heureux ceux qui savent entendre les appels divins.

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 Ci-contre, une photo représentant l’enlèvement des cloches par les Allemands dans le village voisin de Pœuilly en décembre 1916.

  Probablement que Bernes a subi le même sort durant cette période.

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