Vraignes-en-Vermandois

A la recherche du Passé de Pœuilly et de ses environs : des passionnés ont remonté l'Histoire...


Exposition "Au temps d'Hector Crinon et Raymond Beaucourt",
dans le cadre du circuit des écrivains
de langue picarde

        Un aperçu du contexte historique

         social et politique

          dans lequel ont vécu

        Hector CRINON  &  Raymond BEAUCOURT
                           (1807 - 1870)            (1867 - 1926)



Les trois ordres de la société féodale

Sous l'Ancien Régime, la société est partagée en trois ordres qui correspondent à trois fonctions. Chacun des trois ordres définis depuis le Moyen Âge est complémentaire des deux autres :

- les moines prient pour le salut des laïcs ;

- les chevaliers mettent leurs armes au service de l'Église et protègent les faibles ;

- enfin, les paysans cultivent la terre pour nourrir les deux premiers ordres.

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Les fonctions sont hiérarchisées en dignité, autrement dit la logique spirituelle du premier ordre prévaut sur celle politique du second, qui elle-même prévaut sur toutes les considérations économiques.

La société d'Ancien Régime est donc le contraire d'une société matérialiste où l'économie impose sa logique à toute la société.

Ainsi, dans l'ordre économique, le secteur primaire est considéré le plus digne (agriculture, mine, pêche, forêts), suivi de l'artisanat puis du commerce et du négoce, qui sont juste au-dessus des métiers les plus vils : l'usure (banque) et la prostitution.

En effet, la conduite noble est celle qui se sacrifie pour l'honneur (pour l'intérêt général), tandis que l'activité économique cherche un gain, un profit, qui est plus grand chez le commerçant que chez l'agriculteur, chez l'usurier que chez le commerçant. Les deux premiers ordres ont des fonctions de service public à remplir qui sont onéreuses. En effet, le clergé prend à sa charge le culte public, l'état civil, l'instruction publique et l'assistance publique. La noblesse prend à sa charge les fonctions régaliennes, comme la défense de la société avec l'armée et la justice, la haute administration. Tandis que le troisième ordre, qui comprend toutes les activités économiques, a des fonctions qui sont lucratives. De ce fait, la plupart des impôts reposent sur le troisième ordre, afin d'entretenir les deux premiers.

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Scène de la vie rurale 

au Moyen-Âge

 

Le Moyen-Âge est déjà bien loin à la naissance d’Hector CRINON.

Cependant durant ces longs siècles, la condition difficile des paysans s’était peu améliorée.

Extrait des tables décennales des naissances à Vraignes-en-V. de 1803 à 1812

Archives Départementales de la Somme

Hector CRINON est né en 1807, tout juste 17 ans après la Révolution de 1789.

Autant dire que son enfance et sa jeunesse ont été marquées par cet épisode historique qui a tant bouleversé la vie des populations de l’époque et leurs descendants, au fil des générations.

Un rappel de la situation pré-révolutionnaire – la vie sous l’Ancien Régime – peut aider à se faire une idée des « inégalités » de l’époque, les paysans étant « écrasés » par le clergé et la noblesse qui se partageaient alors le pouvoir.

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Né pour la peine

 

Le titre principal renvoie à une citation du livre de Job (dans la Bible) : « L’homme est né pour la peine, comme l’oiseau pour voler ». Un poème en légende (qui n’est pas repris ici) vient rappeler combien les fruits d’un labeur durement acquis, par tous les temps, peuvent disparaître dans l’escarcelle du collecteur, confusément représenté par un receveur des tailles qui semble recevoir son dû dans une maison d’octroi. 

La gravure nous rappelle combien la vie paysanne s’organise dans des communautés paroissiales, réunies hebdomadairement dans l’église dont on aperçoit le clocher. Elle décline les travaux de la terre (depuis les semences jusqu’à l’entretien des haies et des fruitiers) et de l’élevage, insistant sur la nature des instruments (l’araire, et non la charrue ; en bois, et non en métal), et surtout sur ceux qui servent à la culture des blés, si essentiels à l’alimentation. 

Les animaux représentés répondent à une gradation établie selon leur utilité, depuis les volailles ou les « mouches à miel », que tous peuvent acquérir et élever, jusqu’aux bovins, qui demeurent le privilège des plus aisés, en passant par le cochon. 

 

D'après Philippe BOURDIN, Professeur d’histoire moderne à l’Université Blaise-Pascal (Clermont 2) et directeur du Centre d’Histoire « Espaces et Cultures ». février 2013


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