Mars 1917, le repli allemand

ORGANISATION DU REPLI  SUR PLUSIEURS ITINERAIRES.

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Bref compte-rendu de lecture du « Journal » authentique d’Ernst Jünger (Lieutenant allemand et auteur du livre « Orages d’acier »)

Il écrit que les anglais ont tenté des entreprises contre le secteur. Il se demande si cette nervosité des anglais a à voir avec la retraite qui a commencé sur l’aile droite. Et il pense que, pour en savoir plus, ils tentent de prendre des prisonniers.

9 mars : On lui dit que la compagnie va être logée à DEVISE pour un moment et qu’après elle se transportera dans un village près St. Quentin, au nom de Lehaucourt vraisemblablement. « Notre retraite à travers un paysage totalement détruit risque d’être très intéressant ».

11 mars : il fait le récit de ce qu’il observe, dans les villages en cours de destruction, sur le chemin qui conduit sa compagnie vers la ligne de front…comme une grandiose scène du carnaval de la destruction !

17 mars : Il décrit, en substance, cette journée « historique » : On traverse la Somme et on fait exploser les derniers ponts, puis la compagnie marche jusqu’à Vermand en passant par Athies.

On a tout juste traversé la Somme quand les premières patrouillent anglaises apparaissent sur l’autre rive. Partout à VERMAND, on fait dynamiter des maisons ».

18 mars : Il poursuit le récit de la manière suivante : Le bataillon se transporte à LEHAUCOURT pour y prendre quartier. Il note qu´on a tout ce qu´il faut dans les maisons, puisque les habitants ont été évacués précipitamment et n’ont pu prendre avec eux que très peu de choses.

D’après les notes de Gerd KRUMEICH,
 rédigées suite à ses recherches dans le « Journal » authentique d´Ernst Jünger qui a été publié par Helmut Kiesel 2010 (Ernst Jünger Kriegstagebuch 1914-1918, Stuttgart, Klett-Cotta 2010).
“Ernst Jünger , Journal  ad Alberich”.

(Pour le récit qui suite,

le territoire concerné est le même que pour le récit d’Ernst Jünger ci-dessus)

 

Pour la période du 17 au 22 Mars 1917 

l’historique du régiment allemand cité en bas de page, nous indique ceci :

Il a fallu, dans un intérêt strictement militaire, détruire devant la ligne Siegfried un terrain d´une étendue de plusieurs kilomètres de manière à ce que l´ennemi , dans sa poussée qu´on attendait, ne trouve ni quartiers où se poser, ni moyens de se cacher ».

…Le 17 mars à 5 h du matin les patrouilles d´officiers et la 10e compagnie se retirent sur la rive droite de la Somme. Malgré le feu ennemi intense, on arrive, sans avoir eu de pertes, à ESTREES vers 10 h du matin  et après une courte pause on continue pour VERMAND, où on prend quartier.

Le Ier bataillon se loge vers PŒUILLY.
11 h du soir : On quitte les positions sur les rives de la Somme après destruction de tous les passages de la Somme.

Le 19mars :  à 4h30 du matin le 1er bataillon se loge à BELLENGLISE. Le IIe bataillon travaille pour l´amélioration de la 1ère position du régiment qui est située au sud-est de Bellenglise, sur les deux bords de la route  La Barague - St. Quentin.

20mars : La cavalerie nous informe que l’ennemi (cavalerie) s´approche de POEUILLY.


21 mars : La cavalerie ennemie arrive dans la forêt d´HOLNON.


22mars : des forces réduites de l’ennemi progressent dans la forêt d´Holnon vers MAISSEMY. Le régiment 22 des dragons est augmenté et prend VERMAND au soir à l´ennemi.

Source :

Das Infanterie-Regiment Hamburg (2. Hanseatisches ) Nr. 76 im Weltkriege 1914/18,

par Herbert v. Gydow, Oldenburg-Berlin 1922  -

Commandant du régiment: Major v. Burstin ; Adjutant : Hauptmann v. Sydow

Recherches effectuées par Gerd KRUMEICH.

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Informations extraites de l’historique du régiment d’infanterie allemand cité en bas de page :


Le 11 mars on reçoit l´ordre de se retirer vers la ligne Siegfried.

Le 13 mars au soir on part en effet.

La 12e compagnie prend position au nord-est de DOINGT,

la 11e compagnie va à COURCELLES,

l´Etat-major du Régiment et la 10e compagnie vont à CARTIGNY.

 Le IIe bataillon commence la retraite le 11 mars et prend quartier « d´alarme » à BOUVINCOURT

Pour couvrir la retraite , on a laissé une patrouille dans chacun des secteurs de compagnie .

On réussit à tromper l’ennemi en faisant régulièrement feu depuis les quelques fusils et la mitrailleuse qu´on avait gardé pour ces patrouilles. 

Dans la nuit du 16 mars, l’ennemi (les alliés) réussit à s´infiltrer quand même.

On réussit à s´échapper face aux attaques massives mais on ne peut transporter en arrière l´obusier de tranchée, on le détruit avant de partir. On arrive sur la rive est de la Somme et on fait exploser le pont César derrière nous. 

Le 17 mars au soir, tous les bataillons du régiment ont pu se replier.

Le 18 au matin, le IIIe bataillon arrive à LEVERGIES (Ligne Siegfried /Hindenburg) en passant par BERNES.

Le Ier bataillon s’est réuni sur la route CARTIGNY-HANCOURT et part de là pour LEVERGIES où on s´installe dans la Ferme Preselles.

Le IIIe bataillon marche toute la nuit et arrive le 19 au matin  à VAUX-ANDIGNY

et le IIe bataillon prend quartier à Méricourt. 

On reste dans les quartiers jusqu’au 24 mars où on est tous transportés par train vers HENIN-LIETARD, d´où on marche à pied jusqu’à Harnes. C´est là qu´on est relevé par un autre régiment et le régiment se retire à LENS, en quartier.

 

Source : Nassauisches Infanterie-Regiment Nr. 88 ( Erinnerungsblätter deutscher Regimenter, no. 10, s.d.). Recherches effectuées par Gerd KRUMEICH.

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Informations extraites de l’historique du régiment d’infanterie allemand cité en bas de page :

 

Pour préparer le repli, des commandos spéciaux sont envoyés à Saint-Quentin, en vue de repérer le terrain et d’identifier le travail à effectuer par les différentes compagnies.
On transporte tout vers l’arrière et on prépare les routes et les ponts pour la destruction ; on détruit les fontaines et on rase les maisons, tout cela pour rendre la progression difficile pour l’ennemi. Il a fallu vider de sa population la ville de St. Quentin « Ce fut un dur sort mais la guerre l’exigeait ».

 

Le 14 mars, on reçut les ordres précis pour la retraite.
Il fallait se mettre en marche le 16 mars. Ces jours-là, tout outil qu´on ne put transporter en arrière a été cassé. Le soir à 8 h on a détruit les lignes téléphoniques. La retraite fut un énorme mouvement pour lequel il n´y avait pas de précédents.

 

Le Ier et le IIIe bataillon marchèrent, pendant la nuit à travers les villages en flammes :

Morchain – Bethencourt – Villecort - Y – Matigny

jusqu´à ce qu’on prenne quartier à Douilly, où on arriva à l’aube.

 

Le lendemain, deux bataillons se sont rendus à Saint-Quentin et on laissa deux compagnies pour la garde, à la sortie de SAINT-QUENTIN/direction HOLNON. La 10e compagnie positionnée près de Seraucourt avait pour tâche la protection de la traversée du canal vers Le Hamel.

Le 22 mars elle fut engagée contre de virulentes attaques ennemies. Mais il a fallu céder après un temps. Cette bataille fut mentionnée dans l’ordre du jour de la division. 

A partir du 24 mars on prit poste vers SELENCY et FRANCILLY. L’ennemi (les alliés) avait progressé jusqu’à ETREILLERS et ROUPY.

On décida de « nettoyer » Etreillers de l’ennemi.
Pour ce faire, le Ier bataillon se déplaça, dans la nuit du 30 au 31 mars, à SAVY. Mais il se trouva là, sans protection, exposé toute la journée à l’artillerie britannique. Quand on apprit le soir que d´importantes forces ennemies étaient en train d´arriver, on se résigna à ne plus mener d´attaque. On ne réussit cependant pas à se retirer en bon ordre avant l’arrivée de l’ennemi.
Ce fut un corps à corps chaotique

En fin de compte on a réussi à enrayer l’attaque mais on a été obligé de se retirer dans la forêt de SAVY où on résista à plusieurs attaques sur la ligne de chemin de fer entre la gare d´HOLNON et la forêt. Mais après avoir perdu plus de 120 hommes ( !) la compagnie dut se retirer en direction de la ville de SAINT-QUENTIN (Ligne Siegfried /Hindenburg).

Il y eut encore d´autres engagements mais l´ennemi (les alliés) ne s’aventura pas au-delà de la ligne Francilly –Selency. On prit « quartier d´alarme » à Saint-Quentin. On avait dû laisser à l’ennemi tous les obusiers et canons. On voulut les récupérer, mais ce fut impossible, l’ennemi ayant tout transporté en arrière déjà.

Source : Infanterie Regiment Kaiser Wilhelm (2. Großherzoglich-Hessisches) Nr. 116 , par Albert Hiß, Berlin 1924 - La retraite vers la Ligne Siegfried.
Recherches effectuées par Gerd KRUMEICH.

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