« Combats de Tertry et de Pœuilly » d’après
la dénomination allemande
Le général
Faidherbe ayant été nommé à la tête
de l’Armée du Nord vers la fin de
l’année 1870, peu après la constitution de celle-ci dans le secteur de Lille,
il entreprit des mouvements de troupes
visant à atteindre le sud de Saint-Quentin pour affronter les lignes
prussiennes qui, déjà au niveau de Chauny, contribuaient à tenir Paris
assiégé. Un autre objectif, complémentaire, était d’attirer en Picardie un maximum de bataillons de l’Armée prussienne
afin, là aussi, d’affaiblir le siège de Paris et de permettre aux Parisiens
« une sortie » contre les Prussiens en vue de libérer la Capitale. Ainsi, Faidherbe, avec l’Armée du Nord,
« descend » vers Bapaume où il affronte l’armée prussienne et la
repousse. Il poursuit ensuite son chemin
en direction de Saint-Quentin. Se dirigeant plus vers l’Est du Département
de la Somme, il contourne Péronne qui, assiégée en décembre 1870 a capitulé
dans les premiers jours de janvier 1871. (Dans
ces moments-là, les Prussiens avaient installé à Cartigny le Quartier Général de leurs régiments présents autour de
Péronne). Ainsi, l’Armée du Nord arrive dans notre secteur par Epehy, Tincourt-Boucly,
Roisel et le 17 Janvier les
villages du plateau Vermandois (Vraignes, Hancourt, Bernes, Pœuilly) seront « utilisés »
par l’Armée du Nord pour le cantonnement de ses soldats. Et il est
prévu que ces régiments se mettent en route vers Saint-Quentin le 18 au matin. Dans le même temps, les
troupes prussiennes, très mobiles, ne sont pas loin et leurs avant-gardes
« espionnent » les régiments français qui, eux, peu ou mal organisés,
ne sont pas vraiment sur leurs gardes. Ainsi le 18 Janvier en fin de matinée, alors que les régiments français avancent vers
Saint-Quentin par Caulaincourt et Beauvois en se dirigeant vers Etreillers
et Roupy, l’armée prussienne mène une
attaque par leurs arrières, en venant de Tertry. L’essentiel de la Bataille
a alors lieu à Beauvois, mais aussi à Caulaincourt. Une partie des bataillons
français qui se dirigeait plus directement sur Vermand par Soyécourt, entendant
la canonnade, se détourne de son chemin et se rapproche de la bataille. En
milieu d’après-midi les Prussiens ont pris le contrôle de Tertry, Beauvois,
Trefcon, Caulaincourt. Cependant les
combats se poursuivent entre Caulaincourt et Vermand. Pour protéger les
arrières des Français qui progressent vers Vermand, il est demandé au Bataillon du Capitaine Pincherelle de
« s’installer » dans Pœuilly
dans les maisons en bordure de village et de « se défendre jusqu’à la
dernière extrêmité » de manière à retarder au maximum l’avancée des Prussiens
arrivant de part et d’autre, de Tertry comme de Bernes. Ayant « crénelé »
les maisons, les français tirent sur les soldats Prussiens qui eurent de
nombreuses pertes. Cependant, des renforts continuant de leur arriver, ils
parvinrent à forcer l’entrée du village et il s’ensuivit un combat meurtrier à
la baïonnette, mais aussi au pistolet puisque c’est ainsi d’une balle dans la
tête que le capitaine Pincherelle s’est écroulé auprès de l’église après avoir
lui-même tué de la même manière plusieurs soldats Prussiens. A la Brasserie Jamard (actuelle
ferme avicole) 30 soldats Prussiens
périrent. Ils furent emportés hors du village, comme cela se pratiquait
beaucoup dans l’Armée Prussienne. Quand le soir vint et que les combats cessèrent, les Prussiens restés sur place prirent leur
revanche en pillant et en incendiant le village. Ils partirent le lendemain
matin en direction de Saint-Quentin. D’autres régiments prussiens avaient « cantonnés »
durant la nuit dans les villages voisins (Vraignes, Hancourt, Bernes) et on
sait qu’à Hancourt les Prussiens étaient au nombre de 4000 jusqu’au 19 au
matin. Le 19 eut bien lieu la Bataille
de Saint-Quentin et les Français
connurent une nouvelle et définitive défaite. L’Armée du Nord s’est alors repliée vers ses
« places fortes » du Nord de la France. Sur le terroir de Pœuilly, le nombres de morts pour la journée du 18 Janvier est
évalué de manière certaine à 82 morts…mais
sans doute y en eut-il encore davantage ! Ce sont les Prussiens qui ont choisi le lieu de
sépulture pour les soldats (Français et Prussiens) relevés sur place. Sur la parcelle comprenant le Monument de
1871, 7 Français et 30 Prussiens sont inhumés. Reste le Monument en hommage
des soldats Français. Les deux tombes collectives allemandes ne sont plus
visibles, mais elles sont cependant toujours présentes sur place. Sources : . « L’invasion
en Picardie. Récits et documents
concernant les communes de l’arrondissement de Péronne »de Gustave
RAMON (1871-1873). Consultable sur Gallica, il a été réimprimé par l’édition
« Hachette Livre – BnF ». . « La
mémoire de Vermand » (Tome II) de Jacques COQUELLE. L’auteur nous a
autorisé à mettre sur notre site internet arhlpoeuilly.org des extraits de son
livre portant sur la Bataille du 18 Janvier 1871. . « Campagne
de l’Armée du Nord en 1870-1871 » du Général Faidherbe. Ce livre est
également très intéressant pour comprendre les objectifs, la stratégie et le
fonctionnement de l’Armée du Nord. Consultable sur Gallica. Pierre Leroy. Le 31 août 2020 Président de l’Association pour la Recherche sur l’Histoire Locale . Poeuilly 80240
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