Les trois ordres de la société féodale
Sous
l'Ancien Régime, la société est partagée en trois ordres qui correspondent à
trois fonctions. Chacun des trois ordres définis depuis le Moyen Âge est
complémentaire des deux autres :
- les moines
prient pour le salut des
laïcs ;
- les chevaliers
mettent leurs armes au service de
l'Église et protègent les faibles ;
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enfin, les paysans cultivent la terre pour nourrir
les deux premiers ordres.
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Les
fonctions sont hiérarchisées en
dignité, autrement dit la logique spirituelle du premier ordre prévaut sur
celle politique du second, qui elle-même prévaut sur toutes les considérations
économiques.
La
société d'Ancien Régime est donc le contraire d'une société matérialiste où
l'économie impose sa logique à toute la société.
Ainsi,
dans l'ordre économique, le secteur primaire est considéré le plus digne
(agriculture, mine, pêche, forêts), suivi de l'artisanat puis du commerce et du
négoce, qui sont juste au-dessus des métiers les plus vils : l'usure
(banque) et la prostitution.
En
effet, la conduite noble est celle qui se sacrifie pour l'honneur (pour
l'intérêt général), tandis que l'activité économique cherche un gain, un
profit, qui est plus grand chez le commerçant que chez l'agriculteur, chez
l'usurier que chez le commerçant. Les deux premiers ordres ont des fonctions de
service public à remplir qui sont onéreuses. En effet, le clergé prend à sa
charge le culte public, l'état civil, l'instruction publique et l'assistance
publique. La noblesse prend à sa charge les fonctions régaliennes, comme la
défense de la société avec l'armée et la justice, la haute administration.
Tandis que le troisième ordre, qui comprend toutes les activités économiques, a
des fonctions qui sont lucratives. De ce fait, la plupart des impôts reposent sur
le troisième ordre,
afin d'entretenir les deux premiers.
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Scène de la vie rurale au Moyen-Âge
Le Moyen-Âge est
déjà bien loin à la naissance d’Hector CRINON.
Cependant durant ces longs siècles,
la condition difficile des paysans s’était peu améliorée.
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Extrait des tables décennales des
naissances à Vraignes-en-V. de 1803 à 1812
Archives Départementales de la
Somme
Hector
CRINON est né en 1807,
tout juste 17 ans après la Révolution de 1789.
Autant dire que son enfance et sa
jeunesse ont été marquées par cet épisode historique qui a tant bouleversé la
vie des populations de l’époque et leurs descendants, au fil des générations.
Un rappel de la situation
pré-révolutionnaire – la vie sous l’Ancien Régime – peut aider à se faire une
idée des « inégalités » de l’époque, les paysans étant
« écrasés » par le clergé et la noblesse qui se partageaient alors le
pouvoir.
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Né pour la peine
Le
titre principal renvoie à une citation du livre de Job (dans
la Bible) : « L’homme
est né pour la peine, comme l’oiseau pour voler ». Un poème
en légende
(qui
n’est pas repris ici)
vient
rappeler combien les
fruits d’un
labeur durement acquis, par tous les temps, peuvent disparaître
dans l’escarcelle du collecteur, confusément représenté par un receveur des
tailles qui semble recevoir son dû dans une maison d’octroi.
La
gravure nous rappelle combien la vie paysanne s’organise dans des communautés
paroissiales, réunies hebdomadairement dans l’église dont on aperçoit le
clocher. Elle décline les travaux de la terre (depuis les semences jusqu’à
l’entretien des haies et des fruitiers) et de l’élevage, insistant sur la
nature des instruments (l’araire, et non la charrue ; en bois, et non en
métal), et surtout sur ceux qui servent à la culture des blés, si essentiels à
l’alimentation.
Les
animaux représentés répondent à une gradation établie selon leur utilité,
depuis les volailles ou les « mouches à miel », que tous peuvent
acquérir et élever, jusqu’aux bovins, qui demeurent le privilège des plus
aisés, en passant par le cochon.
D'après
Philippe BOURDIN, Professeur d’histoire moderne à l’Université Blaise-Pascal
(Clermont 2) et directeur du Centre d’Histoire « Espaces et Cultures ».
février 2013
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