A la recherche du Passé de Pœuilly et de ses environs : des
passionnés ont remonté l'Histoire...
PŒUILLY
commença à être plus directement touché par la guerre à partir de la fin de
décembre 1870. A partir de cette période la contrée fut sillonnée par les
Prussiens qui commencèrent à réquisitionner chevaux et nourriture.
Le 17, 3 à 4
000 soldats français de l’armée du Nord étaient attendus à PŒUILLY dans la
soirée. Vers 3 heures de l’après-midi, 2 soldats étaient arrivés pour préparer
leur campement.
Il en était
de même pour les villages de Bernes, Fléchin, Hancourt, Soyécourt, Caulaincourt
et Trefcon.
LE RECIT DU
COMBAT
Les
Prussiens étaient à proximité et la bataille donna du côté de Caulaincourt et
Vermand. Quelques bataillons français furent refoulés de Caulaincourt sur
Pœuilly et ils reçurent l’ordre « de se défendre jusqu’à la dernière extrémité,
pour protéger la retraite de la division du Bessol ».
Alors les soldats
français « pénétrèrent dans tous les bâtiments et maisons situés aux avancées
du village… en crénelèrent les murs, et découvrirent en plusieurs endroits la
toiture des constructions pour tirer plus à l’aise sur l’ennemi.
Les
Prussiens ne tardèrent pas à arriver.
Les soldats
français, dans une position défensive favorable contraignirent l’ennemi à
reculer ; mais, au moment où celui-ci lâchait pied, le détachement du général
Von Mémertry, ralliant la colonne Von Den Groeben, accourait en toute hâte à son
secours. Il fallut bien céder devant des masses aussi compactes : le heurt fut
terrible ; enfin l’entrée du village était forcée, et les Prussiens s’y
engouffrèrent comme un ouragan non sans subir encore, en ce moment, des pertes
énormes : le général Von Mémertry tombait un des premiers, blessé grièvement… »
« Alors
s’engagea dans les rues, les cours, les jardins et les habitations de PŒUILLY
une lutte héroïque à l’arme blanche… ce combat à la baïonnette dura ¾ d’heure…
repoussés de maison en maison, les Français se jetèrent dans le jardin de M.
Vion, Maire du village (près de l’église actuelle) et dans la brasserie de M.
Vincent Jamart (actuellement ferme de M. CAPELLE).
Le capitaine
Pincherelle, acculé contre la porte du hangar de M. Vion, est sommé de se
rendre par un lieutenant prussien : il étend à ses pieds, d’un coup de
révolver, cet officier et l’un des soldats qui le serraient de près ; il tombe
enfin à son tour frappé d’une balle au front, mais six cadavres ennemis sont
là, gisant à ses pieds !… »
Dans la cour
de la brasserie, les soldats français « cernés de toute part combattent avec la
rage du désespoir… 3 Français sont couchés à terre, où on les retrouve, le
lendemain, en relevant les morts : Quant aux 30 Prussiens qui périrent dans
cette cour, ils avaient disparu » (emmenés dans la nuit suivante par les
troupes prussiennes).
Pendant le
combat, plusieurs fermes furent incendiées et des « bestiaux furent brûlés vifs
et ensevelis sous les décombres ».
Vers 3
heures ½ , les Prussiens étaient donc maîtres de Tertry, Caulaincourt et
Pœuilly ; leurs réserves occupaient en outre les villages de Vraignes, Hancourt
et Fléchin. »
LE PILLAGE
ET LA LONGUE NUIT
"La
lutte était finie ; l’ennemi emmenait quelques prisonniers, et les débris de la
petite troupe française battaient en retraite sur Soyécourt et Vermand. »
Après ce
combat Bernes et Fléchin ne furent pas occupés. « En revanche l’ennemi
s’établissait à Hancourt au nombre de 4 à 5 000 hommes ». Pœuilly était envahi
par l’ennemi.
« L’ordre de
pillage fut donné aux soldats ? Ceux-ci se ruèrent aussitôt dans toutes les
habitations, brisèrent portes et fenêtres, faisant main basse sur le linge et
les meubles, et brûlant ce qu’ils ne pouvaient emporter. Des maisons furent
incendiées. « Grâce à l’excessive humidité amenée par le dégel, le fléau put
heureusement être circonscrit, et le village fut ainsi sauvé d’une complète
destruction.
Pendant le
combat, la plupart des habitants avaient dû fuir leurs maisons. Le soir «
l’entrée des maisons fut refusée même aux femmes, et ces malheureuses durent
passer cette longue et froide nuit d’hiver à errer à travers les rues, à
demi-vêtues et portant dans leurs bras leurs pauvres enfants effrayés,
grelottant de froid et mourant de faim ».
Cette même
nuit les Prussiens emportèrent « 20 chevaux, autant de vaches, 300 moutons et
toutes les volailles ».
Le lendemain
19, les Prussiens quittèrent Pœuilly dès 7 heures du matin pour se mettre en
marche sur St-Quentin. En partant ils allumèrent un grand incendie rue de
Fléchin et la maison incendiée fut entièrement détruite.
Durant cette
journée du 19, de nombreux passages de troupes sillonnèrent encore les rues de
Pœuilly et la chaussée Brunehaut pour se porter en toute hâte vers le théâtre
du combat en direction de St-Quentin.
SUR LE
REGISTRE D’ÉTAT CIVIL
Le 19
janvier 1871, à PŒUILLY, 2 hommes sont « requis pour ramasser les morts sur le
champ de bataille du 18 janvier ».On peut noter sur le registre d’Etat Civil
que le capitaine Pincherelle a été retrouvé mort « derrière les bûchers » du
Maire de l’époque Monsieur Vion et que les 6 autres soldats ont été retrouvés
morts dans la rue de Vraignes. Un homme de troupe a également été retrouvé mort
au lieu-dit « la Table-Dieu ».
monument
1871
ET CE FUT
L’OCCUPATION
Au terme de
cette bataille du 18 janvier, St-Quentin et sa région étaient aux mains des
Prussiens.
Le 17
février 1871, Monsieur le comte Lehndorff, préfet prussien, adresse au maire
d’Amiens une lettre exigeant des communes du département le paiement immédiat
d’une indemnité de guerre.
Le 23
février 1871, le conseil municipal de PŒUILLY se réunit, avec les plus imposés,
pour délibérer sur les moyens d’assurer le paiement immédiat de la contribution
de guerre imposée aux communes du département par l’autorité prussienne, ceci
en vue d’épargner aux communes le recouvrement de cette contribution par voie
d’exécution militaire. « L’assemblé consent sous l’empire de la force à ce que
Monsieur le Maire d’Amiens … contracte aux meilleures conditions possibles et
avec solidarité entre toutes les communes un emprunt de la somme nécessaire
pour acquitter la contribution de guerre actuellement imposée par l’autorité
prussienne et dont le chiffre sera prochainement arrêté… » souhaitant que cet
emprunt soit transformé en emprunt départemental dès que la guerre sera
terminée.
La guerre de
1870-1871 a pris fin en mai 1871.
La France
fut libérée peu à peu, au rythme du paiement de la dette de guerre, par la
France à la Prusse.
L’armée
prussienne quitta définitivement Péronne (et sans doute sa région) le 22
juillet 1871.
APRÈS-GUERRE
:
En 1874, le
22 mars, le conseil municipal de PŒUILLY indique dans sa délibération « que
tous les soldats morts à PŒUILLY pendant la dernière guerre ont été inhumés sur
un même terrain appartenant à la commune ; que depuis le terrain a été entouré
de haies vives et que deux pierres tumulaires y ont été placées et bénies.