Pœuilly au fil des siècles

A la recherche du Passé de Pœuilly et de ses environs : des passionnés ont remonté l'Histoire...


PŒUILLY champ de bataille : le 18 janvier 1871

 

PŒUILLY commença à être plus directement touché par la guerre à partir de la fin de décembre 1870. A partir de cette période la contrée fut sillonnée par les Prussiens qui commencèrent à réquisitionner chevaux et nourriture.

 Les 15 et 16 janvier 1871, des passages considérables de troupes prussiennes furent signalés sur la Chaussée Brunehaut.

Le 17, 3 à 4 000 soldats français de l’armée du Nord étaient attendus à PŒUILLY dans la soirée. Vers 3 heures de l’après-midi, 2 soldats étaient arrivés pour préparer leur campement.

Il en était de même pour les villages de Bernes, Fléchin, Hancourt, Soyécourt, Caulaincourt et Trefcon.

 

LE RECIT DU COMBAT

 

Les Prussiens étaient à proximité et la bataille donna du côté de Caulaincourt et Vermand. Quelques bataillons français furent refoulés de Caulaincourt sur Pœuilly et ils reçurent l’ordre « de se défendre jusqu’à la dernière extrémité, pour protéger la retraite de la division du Bessol ».

Alors les soldats français « pénétrèrent dans tous les bâtiments et maisons situés aux avancées du village… en crénelèrent les murs, et découvrirent en plusieurs endroits la toiture des constructions pour tirer plus à l’aise sur l’ennemi.

Les Prussiens ne tardèrent pas à arriver.

Les soldats français, dans une position défensive favorable contraignirent l’ennemi à reculer ; mais, au moment où celui-ci lâchait pied, le détachement du général Von Mémertry, ralliant la colonne Von Den Groeben, accourait en toute hâte à son secours. Il fallut bien céder devant des masses aussi compactes : le heurt fut terrible ; enfin l’entrée du village était forcée, et les Prussiens s’y engouffrèrent comme un ouragan non sans subir encore, en ce moment, des pertes énormes : le général Von Mémertry tombait un des premiers, blessé grièvement… »

« Alors s’engagea dans les rues, les cours, les jardins et les habitations de PŒUILLY une lutte héroïque à l’arme blanche… ce combat à la baïonnette dura ¾ d’heure… repoussés de maison en maison, les Français se jetèrent dans le jardin de M. Vion, Maire du village (près de l’église actuelle) et dans la brasserie de M. Vincent Jamart (actuellement ferme de M. CAPELLE).

Le capitaine Pincherelle, acculé contre la porte du hangar de M. Vion, est sommé de se rendre par un lieutenant prussien : il étend à ses pieds, d’un coup de révolver, cet officier et l’un des soldats qui le serraient de près ; il tombe enfin à son tour frappé d’une balle au front, mais six cadavres ennemis sont là, gisant à ses pieds !… »

Dans la cour de la brasserie, les soldats français « cernés de toute part combattent avec la rage du désespoir… 3 Français sont couchés à terre, où on les retrouve, le lendemain, en relevant les morts : Quant aux 30 Prussiens qui périrent dans cette cour, ils avaient disparu » (emmenés dans la nuit suivante par les troupes prussiennes).

Pendant le combat, plusieurs fermes furent incendiées et des « bestiaux furent brûlés vifs et ensevelis sous les décombres ».

Vers 3 heures ½ , les Prussiens étaient donc maîtres de Tertry, Caulaincourt et Pœuilly ; leurs réserves occupaient en outre les villages de Vraignes, Hancourt et Fléchin. »

 

LE PILLAGE ET LA LONGUE NUIT

 

"La lutte était finie ; l’ennemi emmenait quelques prisonniers, et les débris de la petite troupe française battaient en retraite sur Soyécourt et Vermand. »

Après ce combat Bernes et Fléchin ne furent pas occupés. « En revanche l’ennemi s’établissait à Hancourt au nombre de 4 à 5 000 hommes ». Pœuilly était envahi par l’ennemi.

 

« L’ordre de pillage fut donné aux soldats ? Ceux-ci se ruèrent aussitôt dans toutes les habitations, brisèrent portes et fenêtres, faisant main basse sur le linge et les meubles, et brûlant ce qu’ils ne pouvaient emporter. Des maisons furent incendiées. « Grâce à l’excessive humidité amenée par le dégel, le fléau put heureusement être circonscrit, et le village fut ainsi sauvé d’une complète destruction.

 

Pendant le combat, la plupart des habitants avaient dû fuir leurs maisons. Le soir « l’entrée des maisons fut refusée même aux femmes, et ces malheureuses durent passer cette longue et froide nuit d’hiver à errer à travers les rues, à demi-vêtues et portant dans leurs bras leurs pauvres enfants effrayés, grelottant de froid et mourant de faim ».

Cette même nuit les Prussiens emportèrent « 20 chevaux, autant de vaches, 300 moutons et toutes les volailles ».

Le lendemain 19, les Prussiens quittèrent Pœuilly dès 7 heures du matin pour se mettre en marche sur St-Quentin. En partant ils allumèrent un grand incendie rue de Fléchin et la maison incendiée fut entièrement détruite.

Durant cette journée du 19, de nombreux passages de troupes sillonnèrent encore les rues de Pœuilly et la chaussée Brunehaut pour se porter en toute hâte vers le théâtre du combat en direction de St-Quentin.

 

 

SUR LE REGISTRE D’ÉTAT CIVIL

Le 19 janvier 1871, à PŒUILLY, 2 hommes sont « requis pour ramasser les morts sur le champ de bataille du 18 janvier ».On peut noter sur le registre d’Etat Civil que le capitaine Pincherelle a été retrouvé mort « derrière les bûchers » du Maire de l’époque Monsieur Vion et que les 6 autres soldats ont été retrouvés morts dans la rue de Vraignes. Un homme de troupe a également été retrouvé mort au lieu-dit « la Table-Dieu ».

 

monument 1871

ET CE FUT L’OCCUPATION

Au terme de cette bataille du 18 janvier, St-Quentin et sa région étaient aux mains des Prussiens.

Le 17 février 1871, Monsieur le comte Lehndorff, préfet prussien, adresse au maire d’Amiens une lettre exigeant des communes du département le paiement immédiat d’une indemnité de guerre.

Le 23 février 1871, le conseil municipal de PŒUILLY se réunit, avec les plus imposés, pour délibérer sur les moyens d’assurer le paiement immédiat de la contribution de guerre imposée aux communes du département par l’autorité prussienne, ceci en vue d’épargner aux communes le recouvrement de cette contribution par voie d’exécution militaire. « L’assemblé consent sous l’empire de la force à ce que Monsieur le Maire d’Amiens … contracte aux meilleures conditions possibles et avec solidarité entre toutes les communes un emprunt de la somme nécessaire pour acquitter la contribution de guerre actuellement imposée par l’autorité prussienne et dont le chiffre sera prochainement arrêté… » souhaitant que cet emprunt soit transformé en emprunt départemental dès que la guerre sera terminée.

 

La guerre de 1870-1871 a pris fin en mai 1871.

 

La France fut libérée peu à peu, au rythme du paiement de la dette de guerre, par la France à la Prusse.

L’armée prussienne quitta définitivement Péronne (et sans doute sa région) le 22 juillet 1871.

 

APRÈS-GUERRE :

 

En 1874, le 22 mars, le conseil municipal de PŒUILLY indique dans sa délibération « que tous les soldats morts à PŒUILLY pendant la dernière guerre ont été inhumés sur un même terrain appartenant à la commune ; que depuis le terrain a été entouré de haies vives et que deux pierres tumulaires y ont été placées et bénies.

 Le conseil, après en avoir délibéré, prend l’engagement de conserver et d’entretenir les dites tombes, au nombre de 3, dont 2 allemandes, et est d’avis qu’elles soient maintenues à perpétuité sur ce terrain ».

 Par la suite, la parcelle de terrain a été cédée au « Souvenir Français ».

 

Registres d’Etat Civil et des délibérations ; « L’invasion en Picardie » de G RAMON tome1

Copyright www.arhlpoeuilly.org